LES TEMPLIERS, LES CROISADES ET LA FRANC-MACONNERIE
L'histoire complète des descendants du Samaritain et des Croisades
Ils ont creusé sous la mosquée Al-Aqsa et ont découvert un trésor qui les a fait grimper, en très peu de temps, comme une flèche, et de manière impressionnante, passant d'une simple organisation monastique composée de neuf chevaliers pauvres, dépendant des aumônes et des dons des pèlerins et des voyageurs qu'ils protégeaient, à l'une des organisations les plus riches du monde et l'une des forces les plus influentes de l'histoire. Depuis ce jour, et jusqu'à nos jours, ils étaient la force de frappe des croisades et ont façonné l'histoire du monde de leurs propres mains.
Après la victoire des Seldjoukides musulmans sur les Byzantins lors de la bataille de Manzikert, à la fin du XIe siècle, l'influence byzantine orthodoxe a progressivement diminué en Asie mineure. Les catholiques d'Europe occidentale ont alors ressenti la menace croissante qui pesait sur eux et il devint évident que l'Empire byzantin ne tiendrait plus longtemps et ne serait pas en mesure de protéger l'Europe depuis l'Est.
En réponse à l'appel de l'empereur byzantin Alexis Ier Comnène, le pape Urbain II rencontra les princes français et les incita à combattre les musulmans en Orient, sous prétexte de libérer les églises chrétiennes des mains des infidèles et des païens, selon ses termes.
Lors du concile tenu dans la ville de Clermont, en France, il prononça un discours éloquent, affirmant la nécessité de délivrer le Saint-Sépulcre (l'église de la Résurrection) des mains des musulmans, et il promit aux combattants que leur voyage vers l'Orient et leur guerre contre les musulmans seraient considérés comme une rémission complète de leurs péchés.
Ainsi, il exploita la religion et fonda ce que l'on appela les "indulgences", et il donna à la guerre une fausse justification pour ne pas entrer en conflit avec la nature pacifique et tolérante du christianisme. Il qualifia cette guerre de "guerre sainte" ou de "guerre juste". Son appel réussit à susciter la convoitise des nobles et des princes pour les riches terres d'Orient, attirant également le commun des gens sous la bannière religieuse, dans l'espoir d'obtenir le pardon.
Ils marquèrent une croix sur leurs vêtements et se préparèrent à partir en guerre. C'est ainsi que le pape Urbain II déclencha la première croisade avec l'objectif déclaré de rétablir le contrôle du monde chrétien sur les terres saintes, bien qu'il y ait eu d'autres objectifs politiques, coloniaux et économiques en parallèle.
Pierre l'Ermite parcourut les campagnes sur son âne, appelant les gens, avec son éloquence et sa personnalité charismatique, à participer à la croisade sainte. Il mena lui-même l'une des cinq armées, composée de personnes simples, d'où le nom de "croisade des pauvres".
Pour comprendre le contexte, il faut savoir que l'Europe de l'époque vivait dans une période connue sous le nom de Moyen Âge, une époque intermédiaire entre l'Antiquité classique et l'époque moderne. Le Moyen Âge s'étend du Ve au XVe siècle, et il était marqué par la domination du système féodal, où les nobles possédaient d'immenses terres et exerçaient un contrôle sur les serfs, ou "esclaves de la terre", qui y vivaient.
La plupart des Européens étaient privés d'éducation et vivaient dans des conditions économiques et de vie extrêmement précaires. Dans ce contexte de grande ignorance, il était facile de semer n'importe quelle idée dans les esprits, même sous un faux couvert religieux, pour atteindre des objectifs terrestres et attiser le fanatisme aveugle.
La société européenne de l'époque était divisée en classes sociales distinctes, avec les chevaliers au centre, portant des armes par nécessité pour survivre dans un environnement difficile. Pendant ce temps, le clergé régnait en tant que force spirituelle dominante, et les possessions de l'Église égalant parfois, voire dépassant celles des rois et des princes.
Juste avant le début de la croisade, tout le monde prêta serment d'allégeance à l'empereur byzantin et s'engagea à lui remettre toutes les terres conquises aux musulmans. Les armées partirent sous la bannière de la croix vers l'Asie mineure, où elles vainquirent les Seldjoukides, alors occupés par des conflits internes. Après un long siège d'Antioche, les croisés parvinrent à y entrer et continuèrent leur marche le long de la côte levantine vers Jérusalem, alors sous domination fatimide.
Ils l'assiégèrent, et en juillet 1099, ils réussirent à la conquérir. Ils massacrèrent les habitants avec une grande brutalité, au point que l'on rapporta que les chevaux pataugeaient dans des mares de sang. Selon certaines sources, le nombre de morts s'élevait à cent mille personnes, incluant musulmans, juifs et chrétiens orientaux.
Cependant, au lieu de remettre Jérusalem à l'empereur byzantin comme ils l'avaient promis, les croisés trahirent leur serment et fondèrent quatre principautés croisés : Edesse, Antioche, Tripoli et Jérusalem, cette dernière étant appelée le "Royaume de Jérusalem". Ils établirent des colonies et lancèrent des appels aux Européens pour qu'ils viennent s'y installer.
Baudouin Ier fut couronné roi du Royaume de Jérusalem, qui resta sous domination croisée pendant près d'un siècle, bien qu'il fût entouré du monde islamique. Ce monde islamique était alors un corps affaibli, divisé en deux grands États rivaux :
le califat abbasside sunnite, avec Bagdad pour capitale, et le califat fatimide chiite, avec Le Caire pour capitale. Les émirs musulmans faisaient preuve de négligence et d'inactivité face aux croisés.
Alep fut assiégée malgré la résistance de la ville. Cependant, son gouverneur seldjoukide, Fakhr al-Mulk Radwan, fit preuve de soumission envers les croisés pour protéger sa propre personne et préserver ses possessions privées.
Ces actes provoquèrent la colère du peuple. Les protestations furent dirigées par le juge Abu al-Fadl Ibn al-Khashab, qui se rendit plus tard à Bagdad pour demander l'assistance militaire du califat abbasside.
L'émir de Mossoul, Sharaf al-Din Mawdud, répondit à cet appel et marcha à la tête d'une armée vers Alep, levant ainsi le siège croisé. Il se dirigea ensuite vers Damas à la demande de son émir, Zahir al-Din Tughtekin, pour aider les habitants contre les attaques croisées lancées par le royaume de Jérusalem.
Cependant, il fut rapidement victime d'un acte de trahison, assassiné par un membre de la secte des Assassins ismaéliens nazariens, une branche chiite fondée par Hassan al-Sabbah.
Peu de temps après, les Assassins assassinèrent également Abu al-Fadl Ibn al-Khashab à Alep, et l'émir Fakhr al-Mulk Radwan mourut peu après. Il fut remplacé par Alp al-Din Arslan, qui fut lui aussi assassiné par l'un de ses serviteurs.
À cette époque, Baudouin Ier, roi de Jérusalem, était mort, et son cousin Baudouin II lui succéda. L'instabilité politique dans la région affecta la sécurité.
C'est ainsi qu'un chevalier français nommé Hugues de Payens proposa à Baudouin II de créer un ordre militaire religieux pour protéger les pèlerins européens se rendant en Terre Sainte.
L'essor des Templiers et le choc de la deuxième croisade
Baudouin II accepta la proposition, et l'ordre fut fondé en 1120 par neuf chevaliers, formant une extension de l'Ordre de Malte ou de l'Ordre des Chevaliers de Malte, fondé en 1050 ou en 1099, selon les sources, par des marchands italiens en tant qu'institution caritative pour aider les pèlerins chrétiens en Terre Sainte, similaire aux chevaliers hospitaliers, également appelés chevaliers de Saint-Jean. Le nouvel ordre établit son quartier général sur le mont du Temple, dans la mosquée al-Aqsa, que les Juifs appellent le Temple de Salomon.
C'est de là que ses membres se nommèrent "les pauvres chevaliers du Christ et du Temple de Salomon", plus connus sous le nom de Templiers ou de chevaliers du Temple, également appelés les "dawaiya". Les historiens débattent encore de la véritable origine de cet ordre et de ses ramifications.
Peu après, Baudouin II mourut et son gendre, Foulques, devint roi de Jérusalem. À sa mort, son fils aîné, Baudouin III, lui succéda. Imad al-Din Zengi, après avoir réussi à unifier Mossoul et Alep, tenta de prendre Damas, mais son émir, Mu'in al-Din Anur, successeur de Zahir al-Din Tughtekin, refusa et conclut une alliance avec les croisés.
Imad al-Din se tourna alors vers l'émirat d'Édesse en 1144 pour la reprendre. Cependant, son émir croisé, Joscelin, renforça les fortifications et refusa de partir, se préparant à défendre la ville. Imad al-Din élabora un plan stratégique de tromperie, feignant d'attaquer les tribus kurdes de la région de Diyarbakir, qui refusaient de se soumettre à lui. La ruse fonctionna, et Joscelin relâcha les défenses, partant en France.
Quand la nouvelle parvint à Imad al-Din, il attaqua la ville par surprise et la reprit après 42 ans d'occupation. Édesse devint ainsi la première principauté croisée à être libérée, déclenchant une renaissance islamique et ravivant l'esprit du jihad. Imad al-Din Zengi devint un héros, porteur de l'espoir de libérer Jérusalem, mais le destin ne lui laissa pas le temps d'accomplir cette tâche, car il fut assassiné dans son sommeil par l'un de ses serviteurs, soupçonné d'être un partisan des croisés ou un membre de la secte des Assassins.
Imad al-Din Zengi fut remplacé par son fils, Nur al-Din Mahmoud, un jeune homme profondément religieux et austère, qui s'engagea dans le jihad, suivant les traces des premiers musulmans. Il œuvra pour que la renaissance islamique soit accompagnée d'une renaissance intellectuelle, invitant les érudits et les juristes, et fonda une véritable renaissance visant à promouvoir la vertu du jihad comme seul moyen de reprendre les terres et de faire triompher la vérité.
La chute d'Édesse eut un effet de choc sur le monde chrétien. C'est pourquoi le pape Eugène III, accompagné du saint Bernard de Clairvaux, abbé français et neveu de l'un des neuf Templiers fondateurs, appela à une deuxième croisade.
Le roi de France, Louis VII, et le roi d'Allemagne, Conrad III, ainsi que plusieurs nobles, répondirent à l'appel, faisant de cette croisade la première menée par des rois européens. Cependant, cette croisade manquait de vision et d'objectifs clairs. Elle se dirigea directement vers Damas pour l'occuper, dans le but de couper la route à Nur al-Din Mahmoud. Mais cette décision fut une erreur politique, car Damas avait jusque-là maintenu de bonnes relations avec les croisés à Jérusalem.
Depuis la première croisade, la région était plongée dans des troubles, ce qui provoqua une crise de confiance entre les croisés et les habitants de Damas, qui envoyèrent un appel à Nur ad-Din, lui demandant de les aider.
Il entra dans la ville en héros, honoré et accueilli comme un sauveur envoyé par Dieu. Rapidement, la deuxième croisade revint bredouille, comme si elle n'était venue que pour accomplir un seul objectif au profit des musulmans : élargir le front islamique, qui comprenait désormais Mossoul, Alep, Édesse et, enfin, Damas.
Le destin de l'Égypte et la montée de Salah ad-Din
À cette époque, le roi du royaume de Jérusalem, Baudouin III, mourut, et son frère Amaury Ier lui succéda. C'était un adversaire redoutable, intelligent et perspicace, et il comprit que l'Égypte était la clé de l'équilibre du pouvoir. Celui qui pourrait l'annexer à ses possessions dominerait ses rivaux.
L'Égypte était alors sous le califat fatimide, qui souffrait de faiblesse. Le calife fatimide n'avait d'autre pouvoir que celui de faire des prières en sa faveur sur les minbars, symbolisant ainsi son statut de dirigeant du pays. Cependant, le califat était honorifique, tandis que le véritable pouvoir était entre les mains des vizirs.
Amaury gardait un œil sur l'Égypte jusqu'à ce que l'occasion se présente lorsque Durgham Ibn Tha'laba, gouverneur de la Haute-Égypte, demanda son aide pour résoudre le conflit qui l'opposait à Shâwar Ibn Mujir pour le poste de vizir. Shâwar s'était réfugié auprès de Nur ad-Din Mahmoud, qui envoya le commandant militaire Asad ad-Din Shirkuh pour soutenir Shâwar. Shirkuh était accompagné de son jeune neveu, Yusuf Ibn Shadi, alors âgé de seize ans. Shirkuh réussit à rétablir Shâwar dans son poste et se retrancha dans la ville de Bilbeis.
Cependant, Shâwar se méfia de l'influence croissante de Shirkuh, le trahit et se retourna contre lui. Il appela alors Amaury à venir en Égypte. Amaury arriva et assiégea Bilbeis pendant trois mois avant que les deux parties ne parviennent à un accord pour quitter l'Égypte.
Cependant, Shâwar rappela Amaury, et quand Nur ad-Din l'apprit, il envoya à nouveau Asad ad-Din Shirkuh en Égypte, cette fois encore accompagné de son neveu Yusuf Ibn Shadi, ce jeune homme qui allait plus tard devenir l'épée qui couperait les racines des croisés et le marteau qui briserait la légende des Templiers en Orient, après avoir unifié les armées de l'Islam. Il deviendrait célèbre sous le nom de Salah ad-Din (Saladin), connu aussi bien en Orient qu'en Occident.
Après plusieurs batailles et conflits entre les musulmans et les croisés sur le sol égyptien, Shirkuh réussit à entrer au Caire. Il élimina Shâwar et devint vizir, agissant sous le calife fatimide.
Ainsi, l'Égypte devint de facto une partie de l'État zankide dirigé par Nur ad-Din Mahmoud. Après la mort de Shirkuh, le calife fatimide confia le poste de vizir à Salah ad-Din, qui consolida son pouvoir dans le pays malgré les complots des ambitieux.
Le roi Amaury réalisa que l'équilibre des forces dans la région basculait en faveur des musulmans. Il envoya un appel au Vatican pour qu'une nouvelle croisade soit lancée, mais les rois et princes d'Europe ne répondirent pas. Amaury s'allia alors avec l'empereur byzantin Manuel Comnène, et ensemble, ils organisèrent une expédition contre l'Égypte.
La flotte croisée assiégea la ville de Damiette en vue de l'occuper et de partir de là pour attaquer Le Caire. Salah ad-Din envoya des troupes pour défendre la ville, et la garnison de Damiette, ainsi que ses habitants, jouèrent un rôle héroïque. Les musulmans triomphèrent, et la flotte byzantine se retira, suivie peu après par celle d'Amaury, qui mourut peu de temps après. Son fils, Baudouin IV, lui succéda, connu sous le nom de "roi lépreux" en raison de sa maladie.
Après la bataille de Damiette, Salah ad-Din établit fermement son pouvoir en Égypte. Nur ad-Din lui envoya un message lui demandant d'arrêter de mentionner le nom du calife fatimide al-Adid sur les minbars et de prier pour le calife abbasside al-Mustadi.
Peu après, le calife fatimide mourut, et Salah ad-Din devint le véritable souverain de l'Égypte. Il y installa sa famille et son père, Najm ad-Din. Ainsi prit fin le règne des Fatimides en Égypte après 262 ans, et le pays retourna sous la tutelle du califat abbasside, sous l'autorité de l'État zankide.